Publié le 27 Novembre 2023
À partir du 1er janvier de l'année prochaine, les propriétaires de logements fortement énergivores ne seront plus éligibles aux incitations publiques pour des travaux isolés, tels que l'isolation des combles ou l'acquisition de pompes à chaleur. Cette transition de stratégie se veut radicale, axant désormais les aides publiques à la rénovation énergétique, notamment le programme MaPrimeRénov' (MPR), sur les rénovations globales plutôt que sur des travaux isolés. Plus précisément, pour les logements classés F ou G selon le diagnostic de performance énergétique (DPE) et considérés comme des "passoires énergétiques", l'obtention d'une aide sera dorénavant impossible pour des actions isolées.
Audrey Zermati, directrice stratégie d'Effy, spécialisée dans l'accompagnement des particuliers dans leurs projets de rénovation, explique : "L'isolation globale du logement devient prioritaire avant toute autre démarche." Les propriétaires dont le logement est déjà bien isolé pourront toutefois bénéficier d'aides accrues pour l'installation de pompes à chaleur air/eau ou géothermiques, en remplacement d'équipements fonctionnant au fioul ou au gaz, avec des subventions allant de 1 000 à 2 000 euros pour les foyers à revenus modestes ou intermédiaires, selon un conseiller du ministre de la Transition écologique.
Cette modification de cap s'explique par le rôle majeur que joue le secteur immobilier pour atteindre l'objectif de 55 % de GES en moins d'ici à 2030. Il est en effet responsable à lui-seul de 16 % des émissions de polluants atmosphériques en France. Pour ce faire, le gouvernement vise l’ambitieux objectif de 200 000 rénovations globales d'ici à 2024, contre seulement 60 000 en 2022 et probablement autant en 2023. Le programme MaPrimeRénov' a été créé en 2020 et a depuis accompagné la rénovation de 2 millions de logements, dont les trois quarts appartiennent à des ménages modestes. Cependant, 90 % de ces rénovations étaient des travaux isolés, ayant peu d'impact sur la performance énergétique des logements. Seuls 10 % correspondaient à des rénovations incluant à la fois le chauffage et l'isolation.
Pour mettre en œuvre cette nouvelle stratégie, le gouvernement a augmenté le budget de MaPrimeRénov' de 1,6 milliard d'euros supplémentaires, portant le budget total à 5 milliards d'euros. Ainsi, jusqu'à 70 000 euros de travaux pourront être pris en charge, avec un taux de subvention pouvant atteindre 90 % pour les ménages les plus modestes. Cependant, même avec ces subventions, il restera un coût important à la charge des ménages très modestes. Il apparaît ainsi que le renforcement du dispositif existant, bien que nécessaire, pourrait ne pas suffire à atteindre les objectifs fixés par le gouvernement. Cela représente en effet un véritable défi pour de nombreux ménages.